Je mets du temps à m’en rendre compte. Parce que c’est fait de façon très discrète, à peine perceptible. Mais le fait est que cela fait un mois que je suis ici, et que je ne suis encore jamais sortie seule dans la rue. Il y a toujours quelqu’un de la famille pour m’accompagner, il y a toujours un frère, une sœur, une mère, qui a pile une course à faire au moment où je décroche mon manteau pour aller faire un tour, comme ça tombe bien. Ce n’est pas pour me surveiller, bien sûr. C’est juste comme ça, pour être avec moi. Ou pour que je ne me perde pas. C’est très gentil. Ils sont très gentils d’ailleurs. Ils m’aiment beaucoup. Je suis comme leur fille. Ils m’accueillent sous leur toit, ils me font des cadeaux, ils me préparent des repas délicieux, et ils me chérissent comme leur fille. Mais. Le jour où, pour la première fois, je prends un rendez-vous pour boire un café en plein milieu de l’après-midi avec une copine autochtone, je commence à comprendre. La fille en question est la meilleure amie du fils de la famille, mais ce n’est pas une caution suffisante, on la trouve un peu légère. Pas très recommandable. Vulgaire. Et célibataire. Or sur le boulevard, il y a tant de garçons à l’affût des filles seules, je ne peux pas me rendre compte, moi, en France les hommes sont différents, mais ici, ce sont des prédateurs. Des rapaces. Il faut s’en méfier. Donc non, je ne dois pas y aller. J’ai vingt ans, je suis adulte, en France j’habite seule et je suis libre de mes allées et venues. Oui mais la France, c’est bien autre chose, je ne peux pas comprendre. Ils savent, eux, mais pas moi. C’est pour mon bien. Pour me protéger. Parce qu’ils m’aiment. Comme leur fille. Et parce qu’ils m’aiment et que je les aime aussi, je n’ai pas le cran de prendre ma valise et de claquer la porte, je n’ai pas le cran de dire ce que je pense, je les blesserai trop, ce serait terrible. Alors juste, je rentre ma colère en moi et je pleure sur l’injustice du monde. Après tout, il y a pire que ne pas avoir le droit d’aller boire un café sur un boulevard, de quoi je me plains.
jeudi 21 février 2008
mercredi 20 février 2008
Ciblons nos vrais ennemis
Occupée toute la journée à fister mon ex dans des hangars désaffectés de Clichy-sous-Bois, je n'oublie pas que certaines adolescentes voilées d'Aubervillers sont des punks. Parce que de nos jours, il est plus facile de faire chier ses parents de la gauche bien-pensante en s'habillant en bonne soeur, plutôt qu'en couchant avec des hommes mariés (ça, c'est le modèle bourgeois, officialisé par la première dame de France). J'ai beau vomir ceux qui nous dirigent, je n'appellerai pas à poser des bombes à l'Elysée, ce serait manquer de respect pour ceux qui ont le courage d'en faire vraiment sauter.
lundi 18 février 2008
14 février
Occupée la semaine dernière à fricoter avec un monsieur à Milan, je ne suis tout de même pas passée à côté de la compréhensible colère des Italiennes le 14 février dernier (ici vous aurez les explications nécessaires). Rapport au droit à l'avortement, une fois encore remis en cause par les bigots qui feraient bien d'aller voir ailleurs si nous y sommes. Car, la religion, ah la religion! Faudrait vraiment en finir avec, et qu'on vienne pas me raconter des conneries du style une femme enfoulardée est protégée dans un milieu "hostile": une femme enfoulardée, et plus largement une femme pratiquante, est une femme bête ou maso. Ou alors les deux. Et, en passant du coq à l'âne, une femme qui réclame des roses et des bonbons le 14 février est une femme à secouer par le bout des pieds pour lui remettre les idées en place. Un 14 février ça se fête en posant des bombes au Vatican.
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