mercredi 20 février 2008

Ciblons nos vrais ennemis

Occupée toute la journée à fister mon ex dans des hangars désaffectés de Clichy-sous-Bois, je n'oublie pas que certaines adolescentes voilées d'Aubervillers sont des punks. Parce que de nos jours, il est plus facile de faire chier ses parents de la gauche bien-pensante en s'habillant en bonne soeur, plutôt qu'en couchant avec des hommes mariés (ça, c'est le modèle bourgeois, officialisé par la première dame de France). J'ai beau vomir ceux qui nous dirigent, je n'appellerai pas à poser des bombes à l'Elysée, ce serait manquer de respect pour ceux qui ont le courage d'en faire vraiment sauter.

14 commentaires:

Jill alameda a dit…

Porter le voile comme rebelle attitude? Pour faire chier la gauche bourgeoise et bien pensante? Oué, non, j'ai comme un doute. Et on a trop souvent vu ce que ça donne au final. Disons que le conflit générationnel ne m'intéresse pas le moins du monde. Si porter le voile répond à ça, c'est triste et très pauvre intellectuellement. Un réflexe qu'on voit trop souvent chez les pauvres (puisque je suis une bourgeoise), exclus, ils se tournent vers des conneries comme le nationalisme ou la religion (puisque de poser des bombes nous parlons). Pour ma part je ne parlais que de condition de la femme, les dures à cuire qui fistent ont mon plus grand respect.

Monierza Molia a dit…

C'était juste une façon de dire que je trouve dommage, quand on se veut être féministe, de dire que les filles qui portent le voile sont soit connes ou masos. Le port du voile est beaucoup plus complexe que ça à mon avis. Et beaucoup de filles qui le portent sont loin d'être si méprisables.

Jill alameda a dit…

Hormis celles qui n'ont pas le choix, heu, j'ai vraiment du mal à leur trouver des circonstances attenuantes. Tu me diras, il y a pire, le voile est un symbole, il existe bien encore des femmes qui excisent d'autres femmes en France, par exemple, qui plongent pour le plaisir leurs gamins dans la flotte ou qui sont prêtes à se faire mater à poil par toute leur belle-famille avant le mariage pour satisfaire à des rites religieux, mais je ne crois pas faire de l'eurocentrisme de base lorsque j'ai envie de leur crier, mais libérez-vous, regardez où vous vivez. La fuite d'un milieu socio-culturel n'est pas toujours simple en effet, mais elle est en l'occurrence souhaitable, car avec leurs voiles et leurs machins elles nous font revenir en arrière, nous, qui devenons des putes lorsque nous ne collons pas à une morale x.

Alexe Popova a dit…

Pour ma part, toujours beaucoup de mal à me prononcer sur le voile, déjà parce que je n'ai pas d'avis tranché, et aussi parce que je ne me sens vraiment pas légitime, je n'ai connu que peu de filles qui le portaient. Et puis c'est vraiment complexe cette affaire, ça fait croiser genre/religion/culture. Mais disons que j'aurais tendance à dire, ne jetons pas la première pierre : nous aussi, nous collaborons au système, nous nous conformons à ce qui est attendu de nous, alors comment en vouloir à une fille qui fait de même, la seule différence étant que ce qui est attendu d'elle est autre ? Le voile est très visible, c'est pour ça qu'il nous choque, nous occidentales, mais avons-nous, de notre côté, réussi à complètement enlever nos propres voiles, corsets, gaines, carcans, certes moins visibles, moins tangibles, sans doute moins brutalement et frontalement oppressants, mais néanmoins réels ?

Monierza Molia a dit…

Absolument d'accord avec toi Alexe Popova.

Anonyme a dit…

On sent les ravages du politiquement correct, ici: Il est où, le fameux carcan spécifique des occidentales (occident qui comprend les pays de l'est mais pas le maghreb, allez comprendre) qui correspond au voile des, euh... "orientales mais qui vivent à la même longitude que nous"? Qui existe mais qu'on ne voit pas et qu'on ne peut pas expliciter (je me marre jaune, là). Et en quoi l'existence de cette hypothétique paille dans l'oeil devrait-elle interdire à tout(e) non voilé(e) de critiquer la poutre qu'est la réclusion capillaire à laquelle sont astreintes les autres?

Alexe Popova a dit…

>Anonyme : Mh, je ne sais pas si c'est du politiquement correct, j'essaie juste de faire preuve de compréhension. Pour le dire autrement : je ne suis pas certaine que moi, dans un milieu où le voile serait la norme, je serais capable de le jeter à la poubelle. Peut-être que oui, je l'espère, mais je n'en suis pas certaine. Donc je m'estime mal placée pour condamner, dans l'absolu, celles qui le portent.

Pour autant, je n'interdis à personne de critiquer le voile, que je sache! jamais je n'ai fait l'apologie du voile, d'ailleurs je n'en ai quasiment pas parlé, j'ai juste dit : ne jetons pas la première pierre à celles qui le portent, ne jugeons pas hâtivement. C'est différent, et ça n'empêche pas d'être contre le voile comme institution sociale.

Par ailleurs, où as-tu vu que j'incluais les pays de l'Est dans l'Occident ?

Anonyme a dit…

C'est vrai que le sujet est complexe ! Une hypothèse concernant les jeunes des quartiers populaires était que le port du voile s'assimile à une stratégie pour certaines jeunes femmes : montrer aux p'tits cons (dont les frères et leurs amis) qui tiennent les murs des cités qu'elles n'étaient pas pour autant "disponibles" (c'est-à-dire "salopes") parce qu'elles souhaitent investir l'espace public... "Quand céder n'est pas consentir", titrait Nicole-Claude Mathieu pour l'un de ses célèbres articles... L'alternative pour ces jeunes femmes ? faire assaut de virilisme histoire de s'asexuer le plus possible. Ou la fuite. dans une perspective générationnelle : ex. du désarroi d'une forte proportion de mères d'origine algérienne, ayant vécu la libération de l'Algérie dans un contexte très laïc, et ne comprenant pas cette subite religiosité de la part de leurs filles... élevées dans un pays laïc. Ben alors Jill, quid de l'aliénation ? Ton Dieu barbu ne te parle plus ? Reprends la boisson, que diable !
TH.omiste

Monierza Molia a dit…

Paille contre poutre : on voit tout de suite la hiérarchie ! Certaines femmes se cachent les cheveux sans aucune astreinte, de leur plein gré. Elles ont les raisons qui leur appartiennent et, à ce que je sache, elles ne nous les imposent pas. Ici, les femmes voilées sont minoritaires et en aucun cas elles ne menacent notre liberté de petites citadines du centre-ville. A mon avis, le modèle qu'on nous propose via Carla Bruni et toutes les pétasses et anorexiques qui trainent dans les médias menace beaucoup plus notre intégrité. Diaboliser les meufs voilées, voilà qui est absolument politiquement correct sous "Sarkozy-on-égorge-pas-les-moutons-dans la-baignoire".

Jill alameda a dit…

Il y a beaucoup de femmes qui portent le voile de leur plein gré comme il y a eu beaucoup de femmes qui ont volontairement accepté d'être soumises au cours des siècles: grâce à des instruments de lavage des cerveaux dont la religion (qui est l'opium des peuples, comme vous ne l'ignorez pas). Qu'il existe des instruments de contrôle de la femme dans les pays où la religion a moins de poids tels que la pub et la presse féminine ou people aussi, qu'il y ait des filles qui vont pas très bien à cause de ça, complètement, que nous puissions plus facilement succomber à la tentation de faire un régime que de porter un voile, mais assurèment, sauf que, je suis désolée, je ne vois pas en quoi le combat ou celui qui devrait être le combat de la femme qui vit en face (car je vis dans le XXème pas en centre ville)ne me concerne pas sous pretexte qu'elle ne vient pas frapper à la porte pour m'expliquer ce en quoi elle a raison de le faire, non franchement, minoritaires, pas minoritaires, la question n'est pas là ou alors si, essayons qu'elles ne le soient pas. Je ne vois pas pourquoi nous n'irions pas regarder pas plus loin que notre nez. Puis vous êtes drôles, vous luttez contre les vôtres de carcans, ne peut-on pas estimer qu'un combat par définition nécessite d'un peu de courage?

Anonyme a dit…

> Pour le dire autrement: [...]

Je n'avais pas pris ton discours dans cette optique. Au temps pour moi.

J'ai quand même un problème avec le: "nous occidentales". Je ne vois pas quel sens satisfaisant lui donner, et puis ça peut paraître idiot mais je n'arrive pas à me représenter un face à face: nous - elles.

Alors c'est peut-être pour cela ou pour autre chose, mais du coup, parler de modèle ou de corset imposé à l'occidentale (et pas à la voilée) me semble un ajout artificiel pour "équilibrer" deux groupes que je ne sens pas distincts.

Et y'a suffisamment de problèmes avec les carcans réels pour que l'on ait pas à s'en inventer des imaginaires ou des rhétoriques.

> Par ailleurs, où as-tu vu que j'incluais les pays de l'Est dans l'Occident ?

Nulle part, comme je n'ai vu nulle part que tu en excluais le Maghreb.

Monierza Molia a dit…

Jill : pour moi ce n'est pas courageux de mener un combat en désignant des bouc-émissaires. Et puis le XXème, à l'échelle de l'agglomération, ça reste le centre-ville.

gc a dit…

Dire que porter le voile(comprenons en France) est bête ou maso n'est pas dire "les filles qui portent le voile sont les coupables de toutes mes peines". Elles ne sont pas mes ennemies. Tout ce que je dis c'est qu'elles vivraient mieux sans, que de temps en temps les piqûres de rappel sont les bienvenues, que globalement nous vivrions tous mieux sans communautarismes et que ça me fait bizarre de ne pas pouvoir dire que le voile est un carcan alors que nous envoyions balader nos soutifs en l'air dans les années 70. J'y vois un retour en arrière. (Je ne nie pas par ailleurs la responsabilité de nos propres politiques dans la montée de ces communautarismes, ni plus globalement, la responsabilité des politiques étrangères menées de manière irresponsable dans la montée du fondamentalisme dans le monde). Au niveau de la femme ça ne donne pas de bonnes choses, c'est bien elle qui en pâtit la première et, c'est connu, c'est bien à elle de prendre les choses en main. Si vous me dites que le voile n'est pas un symbole flagrant de soumission, qu'au contraire certaines filles l'utilisent pour s'en sortir et qu'elles sont complètement libres de leurs allées et venues, je dis ok, qu'elles portent un voile ou un béret moi, je m'en tape. Mais à priori il me semble que ces filles là sont des exceptions si toutefois elles existent. Qu'une femme se serve de ce qu'on veut bien lui laisser comme attributs pour s'en sortir me semble assez intelligent en général, les grandes séductrices qui n'hésitent pas à se servir de leur beauté pour aller là où elles veulent me fascinent par exemple, mais je ne crois pas que le voile soit la même chose. Vraiment.

Anonyme a dit…

Se lever, se raser, raser les murs, être compressé dans le métro, tenter d’échapper, en levant désespérément le nez vers le ciel de métal, aux remugles nauséabonds émanant des corps mal soignés, être bousculé à chaque arrêt de l’omnibus à bestiaux, subir les bribes musicales s’échappant des écouteurs du singe installé sur le bout de ses chaussures, marcher sous la pluie, tenter d’allumer une cigarette, s’en faire taxer une, arriver au bureau honni, saluer des imbéciles, serrer la main d’arrivistes, embrasser des apprenties prostituées, s’installer devant un écran ronronnant, feindre de travailler, s’ennuyer, boire un café chimique entouré d’oies piaillantes, compulser des dossiers ineptes, bailler, faire la queue devant une cantine aux allures d’hôpital, manger sans plaisir les mornes produits dégueulés par l’industrie agro-alimentaire, se retenir de roter, plonger les narines dans un mouchoir pour repousser les effluves de friture et de désinfectant, remonter dans son bureau, supporter la crise d’autorité hebdomadaire du petit chef de service à cornes de cocu, assister à une interminable réunion sans but ni intérêt, parler un peu pour prouver qu’on est vivant, se replonger dans son ordinateur, regarder sa montre, faire des photocopies qu’on jettera à la corbeille demain matin, tailler ses crayons, ne penser à rien, mettre son manteau, reprendre le métro, s’arrêter boire un verre, puis deux, puis trois, rentrer dans sa tanière, sortir un plat du congélateur, s’installer devant la télévision, ignorer les ombres assises à côté de soi, baver béatement devant les formes et les lumières hypnotiques de la lucarne magique, entendre des cris et des ordres, faire la vaisselle sous ces ordres, s’étendre sur un lit, lire quelques pages d’une revue glacée, n’importe laquelle, s’endormir, espérer rêver. Et mourir.