vendredi 14 décembre 2007

Baise et procréation

Tout homme qui baise une femme devrait prendre en compte le fait que, potentiellement, il la met enceinte. Cela va de soit. Nous, les femmes, nous vivons avec cette éventualité. Il devrait en être de même pour les hommes. Voici une question fondamentale : mâle, si une pilule existait pour les mecs, est-ce que tu la prendrais ? Es-tu prêt à faire cobaye pour un médicament dont on ne connaît pas bien les effets secondaires ? Une sale hormone qui te fait grossir, te donne de l'acné, te déprime et risque de te filer un cancer ? Un sale médicament qui, combiné à la cigarette, devient un cocktail mortel. Un truc qui t'astreint à faire régulièrement des prises de sangs. Un truc qui est susceptible, du jour au lendemain, de faire bondir ton cholestérol et tes triglycérides. Tu es prêt à cela en féministe couillu que tu es ? Je vois d'ici la réponse. « Féministe, oui, pour draguer les filles. Mais attention il y a des limites. Après tout ce n'est pas moi qui vais tomber enceint. C'est à la fille de gérer ça. » S'il n'est pas prêt à cela, l'homme doit accepter d'être complètement à la merci de la décision de la femme quand elle tombe enceinte. Il se croit tranquille parce qu'elle prend la pilule. Mais la pilule, mon vieux, tu oublies que ce n'est pas sûr à 100 %. Tous les jours, des femmes sous pilule tombent enceintes. Quand la femme tombe enceinte, l'homme ne devrait pas pouvoir envisager une seule seconde la fuite. Il ne devrait en aucun cas culpabiliser sa partenaire, ni tenter de l'influencer pour qu'elle choisisse l'avortement, sous peine d'une raillerie, d'une humiliation à vie de la part de ses congénères.

20 commentaires:

Alexe Popova a dit…

Bien dit !

Surtout "S'il n'est pas prêt à cela, l'homme doit accepter d'être complètement à la merci de la décision de la femme quand elle tombe enceinte."

La miss schtroumph à lunette qui loge en moi aurait des trucs à ajouter, mais en fait non, elle va se taire ce soir :)

Jill alameda a dit…

Pour une fois, je ne suis pas complètement d'accord avec toi. Si l'homme ne peut qu'accepter la décision de la femme, il faut que celle-ci tienne compte du désir de l'homme, s'il veut fuir, il fuira, on ne peut imposer à qui que ce soit l'arrivée d'un être vivant sur terre, me semble-t-il, parce qu'on a merdé une demi-heure une fois. Que tout le monde prenne ses responsabilités, voilà.
Quant à la pilule, nul doute, c'est une cochonnerie qui personnellement me fout bien en l'air, et pour sûr, il serait appréciable que les hommes s'en souviennent plus souvent, cela dit, aucun homme, jamais, ne m'a obligée à la prendre, ni l'a même proposé (par contre qu'est-ce qu'ils sont doués pour se plaindre de la capote).
Sur ce sujet, je ne jetterai pas la pierre à un pauvre innocent, je sais combien on peut être inconséquent, fou ou suicidaire lorsque l'on se retrouve dans une situation de désir, suffit d'avoir un peu picolé pour oublier toute précaution, d'un côté et de l'autre.

Anonyme a dit…

Je ne sais pas trop où on est du point de vue de la contraception masculine chimique. Il y a un truc cependant, qui prête à sourire : une sorte de calbut' spécial qui chauffe les coucougnettes ; la chaleur empêche tout simplement la création des spermatozoïdes. Le procédé est indolore, n'a aucun effet sur le plaisir et la jouissance. Mais tout ce qui touche au zizi est complètement tabou, donc soit renvoie au ridicule, soit renvoie à l'angoisse de l'impuissance. Les gynécologues ont aussi un rôle à jouer de ce côté là : ils/elles occultent pour la plupart toute alternative à la pillule destinée aux femmes. Comme quoi il y a du politique aussi chez les médecins, ne l'oublions pas... Du biopolitique, d'ailleurs. Ou alors ils/elles ont tout simplement peur de perdre une part importante de leurs revenus, au profit des andrologues. Perso j'avoue ne jamais avoir fréquenté un seul de ces derniers. Mais je ne suis pas très progressiste, je surfe juste sur la mode pro-féministe pour me constituer un harem. haha.
TH

Monierza Molia a dit…

Chère Jill, je peux te dire (d'Ajaccio où je suis coincée pour cause de neige et verglas sur le centre de la Corse) que je n'envisage pas d'empêcher quiconque de fuir. J'exprimais juste là un idéal, une utopie excessive et infantile. ça fait du bien.

Anonyme a dit…

Pas si utopique que cela ! Cet article date de 2000.
http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2000/mag0728/se_2050_mme2.htm
Et puis la version piqure :
http://www.jhm.fr/LA-PILULE-POUR-HOMMES-PAS-SI
Les fêtes de Noël approchant, un peu de militantisme antisexiste ne fait jamais de mal. A défaut de militantisme anti-consumériste...
http://publisexisme.samizdat.net/Catalogue.pdf
TH

Unknown a dit…

Vive la contraception masculine:
- le slip chauffe-burnes pour tous
- la pilule du lendemain (celle qui te fait oublier les noms, numéros de téléphone et adresses gênantes)
Mais la meilleure des contraceptions pour un mec, c'est quand même l'alcoolisme et l'abus de shit devant les épisodes de l'inspecteur Derrick. Jusqu'à 21 ans, je me suis préservé de tout risque de grossesse grâce à ça. En plus, ça préserve la femme et la maintient plus fraîche pour les générations à venir.
A propos de drogues et dépendances, méfiez-vous du speed qui circule à Paris en ce moment... J'en ai été salement victime ainsi que 2 potes éloignés: vertiges, angoisses, sueurs froides pendant plusieurs jours.

Alexe Popova a dit…

Bon, juste pour revenir sur le post de Monierza, moi là où je suis vraiment d'accord, c'est sur le fait que :

- soit on dit que la grossesse c'est une affaire de nana, auquel cas effectivement c'est à la fois un "problème" et à la fois un "pouvoir" féminin (les mecs étant alors malvenus à se plaindre en cas d'enfant non-désiré ou en cas d'avortement non-désiré) ;

- soit on dit que c'est une affaire à deux, et dans ce cas, risque à deux, choix à deux, etc.

Maintenant le problème, c'est que même si on choisit l'option numéro 2, c'est quand même dans le corps de la fille que ça se passe, héhé. Ce qui m'amène (admirez la transition) à une proposition, qui à moi me plaît bien mais qui a fait hurler nombre de personnes (dont des "féministes" ou apparentées) de Marcela Iacub, qui dit que la solution viendra d'une machine à faire des bébés, un utérus artificiel dans lequel pourra se dérouler la grossesse. (En fait, pour en arriver là, elle part du droit, relève que celui-ci, loin de simplement prendre acte de l'asymétrie biologique, la renforce violemment. Je simplifie un peu, mais si ça intéresse quelqu'un, je veux bien développer un jour, sauf qu'avant j'ai un post à écrire sur les lapins, ce qui est quand même nettement plus rigolo.) Personnellement, je trouve que ce serait très bien pour plein de raisons, mais en même temps je suis pour une éducation collective des enfants, alors bon, je suis pas très représentative sans doute.

Autre piste de solution, moins marrante : toujours dans l'optique d'une plus grande "responsabilisation" des hommes, mettre un peu plus la pression du côté juridique. Je pense par exemple que si les mecs avaient à l'esprit le fait qu'un coup d'un soir = risque de payer une pension alimentaire pendant 25 ans pour le gosse ainsi conçu, ils auraient plus tendance à se dire que c'est aussi leur problème.

Voilà !

PS : J'ai comme la sensation que certains profitent de ce blog pour raconter leur vie, hum-hum. À ceux-là je rappelle qu'il est possible de rédiger un texte pour le blog, on publie avec plaisir les posts de gens extérieurs. Du moment que ça concerne le masculin et/ou le féminin, évidemment.

Anonyme a dit…

"une machine à faire des bébés, un utérus artificiel " : pour nous transformer en robots biologiques pret à consommer ?

Relire le meilleur des mondes d'Huxley...

Vous oubliez le principal faire des enfants, c'est beau, c'est naturel,ne transformez pas en nevrose ce qui nous est imposé par la société : le manque de place dans les logements, le manque de temps libérable, l'aliénation au salariat de subsistance...

Jill alameda a dit…

Tout ce qui est naturel est beau?
Oublier la société lorsqu'on vit dans une société?

Alexe Popova a dit…

"vous oubliez le principal faire des enfants, c'est beau, c'est naturel"

Alors tu es contre l'adoption ?
Et contre les gens qui, parce qu'ils se sont mis en couple avec une personne ayant des enfants à charge, les élèvent comme les leurs ?

Et autre question : pour toi, en tant qu'homme, ça change quoi au fond, que le foetus grandisse dans un ventre de femme ou dans une machine qui imite un ventre de femme ? De toute façon, ça se passe en dehors de ton corps, non ? je suis curieuse (vraiment).

PS : Les mères porteuses existent déjà, ailleurs. Et dans le genre confions notre foetus à un autre ventre, la solution machine me parait nettement moins problématique.

Anonyme a dit…

D'accord avec jill, j'ai un doute quant à la beauté du naturel... Par exemple, le sida, c'est naturel, bien plus que les médicaments que l'on produit, non ? Et la société méchante, idée très rousseauiste, c'est aussi cette société qui nous fait vivre plus longtemps, plus confortablement, etc. C'est bien cette société qui organise l'enfantement, de façon à ce que la souffrance et la douleur soient minimes. C'est celle qui permet que les morts de femmes qui accouchent soient combattues. Pas la nature, certes non... De toute façon, la nature, c'est une idée très sociale, je crois.
TH.

Alexe Popova a dit…

Oups, je me rends compte que j'avais pris le premier anonyme pour TH, et que ce n'est pas le cas (réflexe débile). Du coup, il ne s'agit pas nécessairement d'un homme !!

Caroline a dit…

Moi aussi je suis pour le choix à deux, et je pense que, de même qu'une femme peut accoucher sous X, un homme devrait pouvoir décider de ne pas reconnaître un enfant plusieurs mois avant sa naissance,ou dans le cas contraire, pouvoir le garder si la mère biologique n'en veut pas, ça éviterait pour l'un ou l'autre de se voir imposer un enfant dont il ou elle ne veut pas. Ca éviterait aussi la fuite lâche d'hommes ou les enfants dans le dos.

Unknown a dit…

Un uterus artificiel??? Ca ne vous suffit pas des cyber-amis, des guichets automates à la SNCF, des mondes virtuels dans les jeux vidéos?
Imaginez un peu: il faudrait que la machine soit aussi belle et cool et confortable qu'un uterus. Il faudrait aussi qu'elle bouge, qu'elle transmette un maximum de love et un minimum de stress, qu'elle envoie de temps en temps des aromes de milkshake fraise / vanille, qu'elle tousse un peu, qu'elle ondule de gauche à droite, qu'elle soupire, qu'elle râle, qu'elle rigole. Enfin tous ces stimuli dont a besoin le bébé dans ses stades de développement prénataux. Voilà un beau défi pour nous les ingénieurs (et ingénieurdes). Menfin bon, on a bien réussi à inventer les godes rabbits alors pourquoi pas inventer leur prolongement naturel.
En attendant, vive l'organique, vive l'orgasmique !

Anonyme a dit…

"Par exemple, le sida, c'est naturel" vraiment ?

"Within the next 5 to 10 years, it would probably be possible to make a new
infective micro-organism which could differ in certain important aspects from
any known disease-causing organisms. Most important of these is that it might
be refractory to the immunological and therapeutic processes upon which we
depend to maintain our relative freedom from infectious disease."
Dr. Donald M. MacArthur
Deputy Director,
Department Of Defence;
Research and Technology Division.
9/6/1969."

Quel opposition entre la procréation naturelle et élever les enfants des autres ?

il n'est pas question d'ordre moral ici, juste d'amour.

je ne vois pas en quoi une deshumanisation technologique de la reproduction pourrait liberer les femmes (ou les hommes)
.
Anonyme 1 (un homme, un père aussi)

Anonyme a dit…

Pour répondre directement au commentaire ci-dessus, ainsi que je l'indiquais, il est infiniment pratique d'opposer naturalité et développement humain (et d'en construire une nébuleuse de représentations collectives). Dire que le SIDA serait un micro-organisme "inventé" par l'homme ne le disqualifie pas pour autant de l'ensemble appelé "vivant"... La "déshumanisation technologique" n'a de toute façon pas attendu ni la SF ni les fanatiques de l'ordre naturel (majoritaires dans nos chères sociétés) pour se concrétiser, en sont témoins les multiples naissances médicalement assistées (césariennes, naissances artificiellement provoquées, naissances prématurées, etc.). Cette "déshumanisation technologique" - par ex. un enfant ne nait pas par le vagin, quelle horreur ! - a pour but de sauver des bébés, mais aussi des femmes. En effet, l'hominidé, en tant que bipède, a des avantages, mais aussi des défauts : s'il peut se saisir de tournevis et d'éponges grâce à ses pattes avant, il a subit un rétrécissement de son bassin. Le mâle de notre espèce s'en bat royalement les couilles, mais la femelle, elle, prend ce "progrès naturel" en plein dans les ovaires : les naissances en sont d'autant plus difficiles comparées à celles des autres mammifères. Intérêt donc, de la "déshumanisation technologique", car elle compense cette "inégalité" naturelle, et peut donc être interprétée comme une relative libération des femmes.
L'hypothèse d'un choix plus important encore de la conception, quitte à l'externaliser du ventre des femmes, ne peut donc être balayée d'un revers de nature... cette dernière, ainsi qu'indiqué ci-dessus, tenant bien davantage du mythe que d'une quelconque réalité.
TH., pas père pour autant, ce qui ne rajoute rien au débat me semble-t-il.

Anonyme a dit…

je ne suis pas un anti-progrés, mais la technologie est rarement utilisée pour le bien de l'humanité, au mieux pour soulager en apparence les maux qu'elle génére elle-même, n'en déplaise au naifs scientistes.
La science est au mains des militaires et des grand trusts industriels, qu'on-t-ils de bons à nous proposer si ce n'est de nous aliéner entierement ? En cela un uterus artificiel serait idéal pour créer des robots biologiques programables à loisir, loin de liberer les femmes de ce qui est parfois une souffrance mais aussi un des grand bonheur de la vie.

Anomyme 1

Jill alameda a dit…

Si l'amour est "naturel" je m'appelle Benoît XVI.

Anonyme a dit…

c'est bien ce que je pensais : rousseauisme de façade et gnangnanteries rose-bonbon... ben c'est pas avec des poncifes type "grands bonheurs de la vie" versus "méchante science au service des puissants" que la révolution sera au rendez-vous ! Je resterai coit désormais sur ce chapitre...
TH.

Alexe Popova a dit…

Ah, j'avais posté une réponse, qui est passée à la trappe. Bon, ben tant pis. De toute façon on a grosso modo fait le tour.